La carrosserie lustrée, les phares brillants: les vieilles dames de l'automobile ont la classe. Samedi, plus de 300 autos de collection étaient exposées dans le parc du château à l'occasion du 6e Rohan locomotion organisé par l'association «Alsace défi organisation». Des Bugatti, des Rolls Royce à l'élégance mythique, des Dauphines, des 2 CV, témoins d'une époque pourtant pas si lointaine.
« Ce qui fait la valeur
d'une voiture de collection,
c'est son histoire »
Les belles mécaniques stimulent l'imaginaire, réveillent les souvenirs d'enfance. « Ce qui fait la valeur d'une voiture de collection, c'est son histoire. Regardez cette Traction, on l'a vue dans tous les films. Pendant la guerre, c'était la voiture des FFI, dans les années 50 celle des gangsters », s'enthousiasme Xavier. Car ces autos qui ont résisté aux outrages du temps ont emporté avec elles la mémoire d'une époque.
Autour des véhicules, chacun y va de sa petite anecdote. Si les véhicules d'exception suscitent toujours autant de curiosité, ce sont incontestablement les plus populaires qui font le plus causer. « Ce sont les voitures de mon enfance. A la fin des années 50, mes parents avaient une 4 CV, on s'entassait à quatre dedans pour partir en vacances sur la Côte d'Azur par la fameuse Nationale 7 », se souvient Jean-Paul.
Dans les allées de l'exposition, certains font les comptes. « Je voulais montrer à mon amie toutes les voitures dans lesquelles j'ai roulé dans ma jeunesse : des 4 CV, une Dauphine Gordini... », énumère Alban qui n'a qu'un seul regret : « Je rêvais de m'acheter la belle Alpine et quand j'en ai enfin eu les moyens, je me suis marié et j'ai eu des enfants. Elle aurait été trop petite, c'était trop tard. » René, lui, compte pas moins de 25 voitures à son actif mais se souvient surtout de la première. « C'était une 4 CV. J'avais emprunté de l'argent à mes parents pour me la payer, j'ai mis la tente et mes valises sur le toit et je suis parti vers la Méditerranée. »
A chaque époque ses mythes. Même si pour les puristes une voiture de collection doit avoir « au moins trente ans », les autos plus récentes commencent à faire leur apparition dans les salons. Comme cette Matra Murena de 1982 qui fait vibrer Joël, son propriétaire. « J'en rêvais depuis l'âge de 14 ans, quand j'ai eu mon permis, je m'en suis acheté une », raconte-t-il, vantant les mérites de ses trois places à l'avant, de son châssis galvanisé et de sa tenue de route sportive. Quand il en a acheté une plus récente, son auto préférée est passée directement du statut de voiture de tous les jours à celui de véhicule de collection.
« Chacun collectionne en fonction de sa sensibilité, l'essentiel est que la voiture provoque des émotions », estime Fabrice Reithofer, membre de l'amicale alsacienne des voitures d'époque. Des voitures pour tous les goûts, pour toutes les bourses aussi, qui ont attiré plus de 2 000 rêveurs pour cette sixième édition.
